Roland Benabou, Francis Kramarz, and Corinne Prost (2005)
Zones d'éducation prioritaire: quels moyens pour quels résultats ?
Économie et statistique n°380 : p. 3-34
Abstract
En 1982, face à la persistance de l’échec scolaire parmi les élèves les
plus défavorisés, une expérience rompant avec l’idée d’égalité de
traitement est tentée : les zones d’éducation prioritaire (ZEP) sont
créées dans quelques régions, mesure renforcée et étendue en 1989, puis
en 1990, et prorogée régulièrement depuis. Elle incite les
établissements à développer des projets éducatifs et des partenariats
locaux, en les dotant de ressources supplémentaires (crédits, postes,
heures d’enseignement, etc.). L’objectif est d’améliorer les résultats
scolaires en stimulant des projets nouveaux. La baisse de la taille des
classes est peu à peu considérée également comme un outil.
Les évolutions que le statut ZEP a entraînées pour ces établissements
sont évaluées à partir de données administratives sur les collèges. La
baisse de la taille de la classe est très lente. Au début des années
1990, les dépenses engagées dans les établissements classés en ZEP sont
loin d’être négligeables, mais sont constituées principalement de
crédits indemnitaires versés au personnel. Par ailleurs, les collèges
concernés connaissent une diminution du nombre d’élèves, une
accentuation de l’homogénéité sociale ainsi qu’une augmentation de la
proportion de jeunes enseignants.
Pour évaluer l’impact de la politique ZEP, comparer la réussite des
élèves dans les établissements en ZEP et les autres à partir de
caractéristiques observées ne suffit pas. Les zones prioritaires sont
en effet choisies parce qu’elles rassemblent une population plus
défavorisée qu’ailleurs et que les résultats scolaires y sont plus
faibles : un effet contextuel spécifique, existant avant la mise en
œuvre de la politique de zones prioritaires, est probable et n’est
peut-être pas entièrement appréhendé économétriquement à partir des
variables utilisées. Une estimation directe agrègerait alors l’impact
recherché et l’effet contextuel. Cette endogénéité des ZEP doit être
traitée.